Par Danielle Ollu
"N’ayant pas oublié la polémique née de la 2ème édition du Voyage en Hiver, j’ai relu 2 fois le titre de Presse Océan du 15 février « Voyage en hiver très bien, malgré quelques couacs »…doux euphémisme ! C’est avec le même étonnement que j’ai poursuivi la lecture de l’interview de Jean Blaise, « directeur artistique de 72 ans, acteur principal de l’organisation culturelle locale depuis 1987 et directeur du Voyage à Nantes depuis 2012 ». Il me plaît à rappeler que la majorité municipale a battu le pavé contre la réforme des retraites mais c’est un lieu commun de dire que ce qui est vrai pour les uns ne l’est pas pour les autres.
Jean Blaise est un créatif, c’est sa marque de fabrique. Il a opté pour une création disruptive ce qui lui a valu de beaux succès. Homme de certitudes, toujours dans l’autosatisfaction, il traite de ringard ou de conservateur quiconque n’apprécie pas ses choix. Sur le terrain politique, il fustige volontiers cette vieille droite si attachée aux traditions. En cette fin d’année 2023, Jean Blaise nous promettait une 2ème édition du Voyage en Hiver plus élaborée où, selon un tweet (X) contesté de la municipalité, « L’esprit de Noël, multiculturel, devait rassembler tout le monde sous le même drapeau de la créativité ».
Adieu donc tradition, vive la création ! Les guirlandes seront remplacées par des « œuvres » multicolores. C’est nouveau, c’est décalé, c’est bien ! Pas de Père Noël, mais le concept féministe de la « petite maman Noël », une femme douce occupée à préparer la tournée du Père Noël ; autant de tâches ingrates et fatigantes qui justifient qu’elle se repose en jogging sur une balançoire. Les vraies féministes regretteront certainement que Sandrine Rousseau ne soit pas intervenue pour inciter cette pauvre femme à se libérer de ses jougs et à déconstruire le mâle exploiteur. Reste un mystère non élucidé : dans ce monde multiculturel et païen, les cloches des églises constituent la seule animation sonore…. comprenne qui pourra !
Sourd aux innombrables critiques, Jean Blaise affiche une satisfaction désarmante. Satisfaction de constater, selon les statistiques d’Orange Flux Vision*, que la fréquentation stagne (!) en centre-ville et que la billetterie du château progresse de 50% ; précisons que c’est la très belle exposition Gengis Khan qui a permis cette progression. A la critique concernant le faible nombre de décorations, il répond que c’est la faute des propriétaires réticents pour autoriser l’accrochage sur leurs façades. Enfin point de réponse concernant l’insécurité engendrée par ces lumières tamisées ; et pourtant il a fallu remettre de l’éclairage allée Brancas tant la proximité de « Commerce » rendait les lieux dangereux.
En réalité, la seule réponse aux critiques qui vaille c’est que la ville est prisonnière de cette création puisqu’elle s’est engagée, avec un budget conséquent, pour 5 ans. Là où les Nantais disent stop, Jean Blaise répond encore !
Reste à reconnaître que le Voyage en Hiver aura réussi à faire parler de Nantes donnant du crédit à l’urgence de changer de paradigme politique. Saluons les efforts de la municipalité en ce sens. Elle n’a certes pas réussi à rassembler sous le « même drapeau de la créativité », mais elle a réussi à rassembler sous le drapeau de l’opposition à ses propres choix politiques. En témoigne la pétition qui rassemble plus de 18 480 signatures à ce jour. Cet épisode prouve que les Nantais ne sont pas résignés. C’est un espoir pour les politiques qui veulent changer les choses et qui auront besoin pour cela du soutien du plus grand nombre. Alors, merci Jean Blaise ! Si la disruption permanente tue la disruption, la démocratie de l’entre soi tue la démocratie.
Rendez-vous en 2026 !
Dernière minute… Ouest France du 15 mars : questionnée sur le couac des illuminations de Noël Johanna Rolland, sans remettre en cause le concept du Voyage à Nantes et n’évoquant que les illuminations, dit « avoir entendu et compris ». Les illuminations, le retour ? Attendons …"
*Source Orange Flux Vision, fournie par Nantes Métropole. Orange Flux Vision mesure les flux de population grâce aux données mobiles.