Un nombre de lits ambitieux, des moyens suffisants ainsi qu’un personnel soignant à la base et au cœur de notre projet pour la santé des Nantais.
« Existe-t-il pour l'homme un bien plus précieux que la Santé ? » interrogeait Socrate. Les soignants du CHU de Nantes ont trop longtemps posé cette question aux autorités, serré les dents, crié leur désarroi : ils n’en peuvent plus. L’hôpital public nantais, aujourd’hui en crise, le sera toujours demain si le futur CHU ne prend pas en compte ses problèmes fondamentaux.
Une grève légitime, des inquiétudes partagées
Après une longue grève à l’automne, l’année 2023 démarre avec une grève inédite des personnels de recherche. Malgré cela, les services du CHU de Nantes poursuivent leur indispensable et noble travail brassard au bras. Ils envoient toujours plus de signaux aux décideurs nationaux mais aussi locaux, sans réponses concrètes. Face à ce défi majeur, la métropole socialiste fait preuve d’un silence assourdissant. Pas un mot ou un déplacement en direction des grévistes de la part de notre maire. Seule la démagogie des députés NUPES anti tout occupe la place publique. Ce manque de dignité vient s’ajouter au manque de cohérence dans les prises de décision pour la santé des nantais. Nos soignants, fierté de tout un pays pendant la crise sanitaire, méritent mieux.
Chez Mieux Vivre à Nantes, nous n’oublions pas que l’essentiel des grévistes du CHU ne sont ni des militants ni des activistes, ils sont simplement des professionnels conscients des enjeux qui ne veulent plus fermer les yeux sur la situation de l’hôpital public nantais. Nous partageons leurs inquiétudes.
Dans la presse locale, nous avons lu comme chaque nantais que même les syndicalistes les plus déterminés pour la défense de l’hôpital public avouent en être réduits à aiguiller les malades vers les cliniques privées du territoire, faute de capacités d’accueil. Ce n’est pas une politique choisie et construite, c’est un abandon du quotidien.
La Métropole ne réoriente pas ses ambitions à long terme
Le nouveau CHU verra le jour. Il ne doit cependant pas être le cadeau empoisonné d’une majorité municipale qui baisse les bras et sacrifie la santé des Nantais sur l’autel de l’aménagement urbain. Aujourd’hui, à Nantes, le nombre de lits et places du CHU actuel pour 1000 habitants est de 2,25 contre 3,14 à Bordeaux, 3,04 à Lille ou encore 2,86 à Toulouse. Pire, le nombre de lits continuera de se réduire avec le nouveau CHU de l’île de Nantes (passage à 1 436 lits et places). Les récentes annonces du Ministre de la Santé sur une hausse des capacités vont dans le bon sens ; nous veillerons à ce qu’elle se traduisent concrètement en lits supplémentaires.
Le choix a été fait d’implanter cet hôpital sur une île difficile d’accès - entre les deux bras de la Loire - et qui occasionnera 10 000 déplacements quotidiens, saturant encore davantage le centre-ville de Nantes. Difficile d’imaginer une autre issue que des embouteillages interminables et la peur de ne pas arriver à temps lorsqu’une urgence ou un drame surviennent.
Les plans du futur Pont Anne de Bretagne ne nous ont pas rassurés : toujours une seule voie de chaque côté et un chassé-croisé des piétons, des cyclistes, du tram et des voitures qui relève du cauchemar. Il est encore temps de remettre en cause le choix des accès, le dimensionnement et les caractéristiques de ce nouveau CHU.
En son temps, nous avons dénoncé avec force ce choix ; aujourd’hui, nous en prenons acte et attendons des solutions concrètes pour rassurer les Nantais qui craignent de ne pouvoir accéder aux soins ou de ne pouvoir vivre sur l’Ile de Nantes et circuler entre les deux rives de la Loire.
Un manque de lits et de stratégie
Sur le nombre de lits, Mieux Vivre à Nantes mène le combat. Johanna Rolland s’était félicitée lors de l’été 2021 d’avoir négocié une “moindre réduction” auprès du Ministère de la Santé. Des 350 lits supprimés initialement, nous sommes passés à 231 puis à 39 lits. Cette diminution, même limitée, reste inacceptable pour les nantais. Soyons plus ambitieux ! Sortons de cette logique de recul délétère. Pour paraphraser Henri IV, Nantes vaut bien un hôpital. Entre 2000 et 2020, plus de 1300 lits ont été supprimés dans les établissements hospitaliers publics du département (soit 24% de baisse) alors que la croissance démographique est galopante sur la même période (26% de hausse). Le citoyen nantais et ligérien est en droit d’attendre de son édile un combat pour une augmentation proportionnelle des lits. Un territoire en plein essor demande de l’ambition sur le plan capacitaire médical.
Au-delà du nombre de lits, c’est la stratégie globale qui est en cause. Lors de la crise sanitaire du COVID-19, les élus locaux jusqu’au Président de la République ont rendu hommage à nos soignants. Un espoir est né : de l’investissement, des effectifs suffisants, la promesse de pouvoir soigner comme il se doit. Ces moyens pour nos soignants, il est désormais temps de les exiger ou, à défaut, de les trouver. Soyons concrets et imaginatifs :
Confions les décisions aux soignants, mettons-les au cœur du processus. Débureaucratisons nos hôpitaux. En France, 34% du personnel hospitalier est administratif en moyenne, contre 25% en Allemagne. Recentrons le débat, la différence sera autant de moyens au service des malades. Chaque soignant supplémentaire est nécessaire pour disposer de plus de lits : en unité de réanimation par exemple, le ratio est de deux infirmiers pour cinq lits ouverts. Pour cela, il faut une vision. La Maire de Nantes est Présidente du Conseil de surveillance du CHU et a son mot à dire pour sortir de la crise de l’hôpital public. Nous ne l’entendons pas.
L’innovation autour de la santé enfin, intimement liée au grand projet du nouvel écosystème de santé nantais, peine à voir le jour. La prometteuse « Station S », un pôle dédié aux chercheurs, laboratoires et start-up de toute la France n’avance pas. L’objectif initial d’une concrétisation du projet sous deux ans est d’ores et déjà jugé caduque. Le financement mixte, public et privé, n’est pas bouclé et le lieu toujours pas défini… Nantes est une terre d’excellence de la cancérologie, des biothérapies, de l’hématologie, par exemple ; elle mérite de se hisser au plus haut rang de l’innovation mondiale en santé.
Les récents abandons de l’Arbre aux Hérons et du Yellow Park nous poussent à ne plus croire sur parole Johanna Rolland et à suivre de près ces dossiers pour s’assurer que renaisse l’ambition pour une métropole rayonnante.
Soucieux de la santé et du bien-être des habitants, Mieux Vivre à Nantes a la volonté de remettre le dossier du nouveau CHU au cœur du débat public local. Nous avons tous intérêt de construire un hôpital fonctionnel, dimensionné aux besoins d’une ville qui grandit. En 2018, le futur CHU était présenté comme l’ « Hôpital du 21ème siècle » car il « assurera de meilleures conditions de travail aux personnels et permettra un accès à des soins de qualité pour tous ». Nous en sommes encore loin. Il est grand temps de se remonter les manches et de tout mettre en œuvre pour y remédier.
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