Des décisions basées sur l’efficacité du système de tri, une approche par les quantités et la prise de conscience de l’urgence de dépasser les tabous.
2013, Nantes était nommée Capitale verte de l’Europe grâce à son grand nombre de parcs, au développement de ses transports publics ainsi qu’à ses nombreuses associations engagées pour l’environnement. Pas, en revanche, grâce au recyclage des déchets. Il faudra attendre 17 ans après son démarrage, au bout du supplice, pour que Tri’sac soit abandonné en ce début d’année.
Payer toujours plus pour toujours moins de résultats
Au fil du temps, les excuses de la métropole n’ont pas manqué. Il fallait plus de pédagogie, plus de temps et un élargissement à l’ensemble des quartiers… La réalité est brutale : l’écart de quantités collectées entre les secteurs Tri’sac (17 kg/an/hab) et les secteurs nantais en bacs jaunes (51 kg/an/hab) était tout simplement insoutenable. En 2019, après 30 ans de soi-disant majorité écologique, 8 % du contenu des collectes Tri’Sac étaient recyclés à Nantes... Ridicule face à la moyenne nationale française, pourtant modeste face à d’autres pays plus vertueux, qui s’élève à 30% de recyclage des déchets ménagers plastiques. Surtout, nous devrions être plus ambitieux que jamais afin d’atteindre l’objectif de 100% d’ici à 2025 fixé par la loi Antigaspillage.
Concrètement, les raisons de l’échec sont simples : tous les sacs jaunes d’une autre origine que ceux distribués par la Métropole ne sont pas reconnus dans le traitement, malgré les « ambassadeurs du tri » il est difficile pour les Nantais de s’organiser pour se rendre aux distributions (elles changent de quartier, avec des horaires différents, il faut une carte à tamponner qu’on égare facilement…), mélanger les poubelles bleues et jaunes dans les mêmes conteneurs n’a jamais été compris par les usagers et – clou du spectacle – les sacs, mélangés dans les camions, se déchirent souvent. N’en jetez plus, il n’y a rien à garder. Que de temps et d’énergie perdue pour les Nantais !
L’insubmersible Adjoint au Maire, Pascal Bolo, parvient pourtant à retomber sur ses pattes et à expliquer que « Si le système était adapté il y a quinze ans, il ne l’est plus aujourd’hui ». Charge aux Nantais de comprendre en quoi un système inefficace depuis son lancement a été pertinent et pourquoi il ne le serait finalement plus aujourd’hui. Bienvenue en Absurdie, où l’indéfendable peut être défendu sans complexe.
Plus de quinze ans ont donc été perdus pour revenir in fine à un système simple et qui – surprise – fonctionne : le recyclable dans des bacs jaunes, les ordures résiduelles dans des bacs bleus.
L’écologie à la nantaise : unique… et jamais copiée !
Il y a néanmoins du positif dans la situation du recyclage des déchets à Nantes. Les Nantais sont prêts et motivés ! Ils produisent moins de déchets : 210 kg/an/hab en 2019 puis 199 kg/an/hab en 2021. Les citoyens ont une conscience écologique et veulent limiter les déchets superflus. Merci aux Nantais, pas à la Métropole. Nous trions moins, il faut désormais mieux trier. Pour ce faire, simplifions le système. Il faut désormais tout mettre en œuvre pour poursuivre cette tendance et recycler efficacement les recyclables secs (plastiques, cartons), les déchets de produits alimentaires (pour du compost) et le verre.
Les déchets alimentaires, justement, vont enfin pouvoir être récupérés et recyclés à Nantes. Alors que de nombreuses villes françaises ont su être précurseurs : Poitiers dès 2009 ou encore La Rochelle depuis 2018, Nantes a attendu 2022 pour le tenter à l’échelle d’un seul quartier (Nantes Nord). Avec nos bacs à compost cadenassés, aux horaires impossibles et au fonctionnement complexe, nous ne sommes une nouvelle fois pas en avance par rapport aux exigences de la Loi de lutte contre le gaspillage alimentaire. En effet, à partir du 1er janvier 2024, tous les français devront avoir un bac à compost pour les biodéchets. A Nantes, c’est prévu pour… 2026. Mieux vaut tard que jamais !
La « social-écologie » à la nantaise a donc accouché d’une souris en matière de déchets : recyclage ridicule, compost impossible, ... . C’est un véritable gâchis. Les élus et la collectivité doivent se hisser à la hauteur des enjeux et des efforts fournis par les habitants. Les Nantais progressent à vue d’œil et ont besoin d’être encouragés. Ils recherchent du sens. Trier, oui, mais pas pour rien.
S’inspirer des meilleurs
Chez Mieux Vivre A Nantes, nous préférons les systèmes qui ont fait leurs preuves. Nous voulons que notre Métropole s’inspire de ce qui se fait de mieux par-delà les frontières et les territoires. Nous proposons de reconstruire un projet basé sur l’excellence européenne. Faire le tri est un geste fort du quotidien, il ne doit pas être réduit à néant par la collectivité. En Europe, l’exemple de Ljubljana, capitale de la Slovénie, est particulièrement intéressant.
Entre 2004 et 2020, la ville est passée de 268 à 110 kg de déchets par an et par habitant. Ljubljana possède également la performance de tri des déchets des ménages le plus élevé de l'Union européenne (69,5 % en 2020). Ils sont la preuve vivante qu’une municipalité ambitieuse et qui sait se remettre en question peut avoir de formidables résultats.
L’approche tient en deux mots : responsabilité et innovation. Responsabilité car Ljubljana a réduit la fréquence de la collecte des déchets organiques (alimentaires et verts) afin d’encourager les habitants à trier et à composter au maximum puis ont rendu payant le fait de jeter de grandes quantités d’ordures résiduelles. Innovation, surtout, car ils ont investi dans l’installation de traitement de déchets la plus moderne d’Europe, les emballages y sont retriés en cas d’erreur avant d’être envoyés au recyclage. Résultat ? 98% des déchets sont récupérés. C’est donc possible.
Soyons ambitieux pour le recyclage à Nantes
Notre mouvement Mieux Vivre A Nantes est conscient de l’urgence écologique et ne souhaite pas que la ville perde encore davantage de temps. La fin de Tri’Sac étant annoncée et doit être le début d’une nouvelle ère pour le recyclage nantais. Que de temps perdu !L’écologie n’est pas le monopole d'une gauche ankylosée et de ses alliés verts de circonstance, tous deux arc-boutés sur leur bien pensance. Il est urgent de cesser les postures et de mettre fin aux tabous décennaux en la matière.
Mieux Vivre A Nantes vous propose d’agir dans l’intérêt de tous pour que le tri soit, plus que jamais, un geste utile et efficace pour la planète. En nous élisant en 2026, nous instaurerons un système simple. Nous mettrons en place des bacs dédiés au sein de chaque immeuble, un bac à compost dans chaque rue, une campagne d’éducation par quartier au plus proche des habitants et - surtout – investirons au niveau de la Métropole pour un système de tri centralisé à la pointe de la technologie. Il est urgent de remettre à plat les décisions stratégiques des infrastructures nantaises. Un unique système clair, simple et efficace pour la Métropole nous permettra collectivement d’atteindre notre objectif : rendre fier chaque citoyen en étant à la hauteur du défi écologique de notre siècle.
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