La crise énergétique a mis à rude épreuve les finances de la Métropole et en péril la sécurité des Nantais. Remontons nos manches pour construire sans attendre une nouvelle vision ambitieuse de l’éclairage public nantais.
Il est 5h00 du matin dans le centre historique nantais. Le soleil n’est pas encore levé. Cet artisan confiseur est pourtant déjà à l’ouvrage, s’affairant à la préparation d’une jolie tortue au chocolat. Il ne le sait pas encore mais il a – une nouvelle fois – commis une erreur impardonnable. Des agents municipaux ont encore remarqué que sa devanture est allumée trop tôt. Les règles le lui interdisent. Ils vont remonter l’information sans attendre. Cet artisan recevra très vite une remontrance de la Mairie pour le sanctionner de son irresponsabilité énergétique. Une image vaut mille mots. Celle-ci est révélatrice qu’en matière d’énergie l’idéologie prend le pas sur le bon sens.
Lumières sur la sécurité
Depuis des années, à Nantes, il y a pourtant fort à faire sur l’éclairage public. Tout d’abord, agir pour le renforcement de l’éclairage des lieux clefs de Nantes. Le chemin ô combien sous tension entre le centre-ville et le Hangar à Bananes a fait l’objet d’un timide effort. Il n’est pas à la hauteur et doit être illuminé plus fortement. A Nantes, les zones dangereuses sont connues, ciblées. Nous ne le savons que trop bien chez Mieux Vivre A Nantes, vos nombreux témoignages en sont les preuves vivantes. Vous avez été nombreux à nous faire régulièrement remonter vos inquiétudes liées au manque d’éclairage dans le secteur du quai de la Fosse et tout au long de la Loire.
Pour lutter contre les agressions, la présence de la police – notamment municipale – doit être assurée. Elle ne peut cependant être partout, tout le temps. Bien que modeste, la lumière est alors une alliée précieuse pour l’étudiant qui rentre chez lui après une soirée ou la joggeuse qui court aux aurores. Grâce à la lumière, chacun est rassuré : 91% des sondés d’une étude IPSOS se déclarent attachés à l’éclairage public pour sécuriser leurs déplacements nocturnes. N’est-ce pas un combat indispensable pour lutter contre la baisse de fréquentation nocturne du centre-ville ? De nombreux policiers accordent d’ailleurs une légitimité à la question puisque l’obscurité diminue la capacité des patrouilles à identifier les agresseurs et à jauger de la dangerosité d’une situation.
L’éclairage public est une mission politique d’intérêt général. Elle nécessite une connaissance fine de la ville. Chaque quartier a ses besoins, chaque rue ses contraintes. Ce défi demande surtout de porter une attention aux préoccupations des habitants, de savoir les écouter même quand les signaux qu’ils nous envoient ne correspondent pas à nos préjugés. Associer le triptyque éclairage public, gestion économe de l’énergie et sécurité ne doit pas être un tabou.
L’innovation en locomotive, notamment sur la mobilité
En ce qui concerne la gestion économe de l’énergie, dans la Cité des Ducs du XXIe siècle, il est possible d’agir efficacement. Par exemple, « Eclairer mieux pour consommer moins » est le mantra de la ville de Toulouse et ses lampadaires intelligents capables de détecter un piéton. La lumière devient plus forte lors d’un passage, l’énergie est alors concentrée sur les besoins. S’il a été développé par une start-up, ce système est le fruit d’une vision public-privée ambitieuse avec une longue réflexion lancée dès 2014 par la ville de Toulouse. Ce que nous regrettons chez Mieux Vivre A Nantes, c’est le retard de l’équipe municipale nantaise sur le sujet. Déjà balbutiante sur les innovations d’hier, avec seulement 35% du réseau d’éclairage métropolitain équipé en Led et un objectif de généralisation seulement prévu pour 2026, elle n’a pas encore de plan d’actions pour les innovations d’aujourd’hui, car l’étude sur l’extinction nocturne des lampadaires n’est lancée qu’en ce mois de juin 2023, et n’a pas de projet pour les innovations de demain. Ce retard pris sur l’investissement des Led aussi rentable énergiquement qu’économiquement est une honte.
La mobilité, ensuite, est un grand défi d’innovation en la matière. Par exemple, inspirons-nous de l’expérimentation de marquage routier en cours sur une route départementale dans le Pays de Châteaubriant. En effet, il y est testé l’utilisation de peinture photoluminescente qui capte la lumière du soleil pour éclairer la nuit. Elle permet d’améliorer la visibilité du marquage routier dans l’obscurité et même de se substituer à l’éclairage sur des itinéraires cyclables.
A l’heure de penser Nantes, il convient d’inventer un système d’éclairage public qui sera en adéquation avec l’usage croissant des vélos, des transports en commun et le recul de la voiture en centre-ville. Le récent exemple du stationnement urbain l’a montré : lorsque la majorité traite un dossier, elle le décide trop souvent sans concertation et en oubliant, ou sous-estimant, ses différentes dimensions.
Le beau n’est pas une option
En matière d’éclairage public, le beau ne doit pas être oublié. L’épisode des illuminations décevantes de Noël 2022 avait été remarqué par les Nantais. Ils n’ont pas manqué de regretter des choix artistiques et énergétiques douteux. Le prétexte de l’écologie ne peut justifier une décoration qui oublie la fête et l’émerveillement. La ville de Laval avait, par exemple, décidé de conserver la magie de Noël en réduisant simplement la durée d’illumination. Le beau n’est pas forcément coûteux.
Décider d’ailleurs de ne pas illuminer à minima les monuments principaux de Nantes, tels que le Château ou le théâtre Graslin, a beaucoup surpris. Il pourrait pourtant être envisageable de réduire la liste des lieux ayant l’honneur d’être mis en valeur sans la supprimer totalement. L’équilibre doit rester le maître mot. Nous relevons de nouveau la tristesse des Nantais lorsqu’ils déambulent devant le patrimoine si peu mis en valeur de notre belle ville qui regorge pourtant de richesses à découvrir.
Enfin, préserver la beauté discrète de la nuit est également possible avec une meilleure utilisation de l’éclairage public. Dans le sud de la France, plusieurs agglomérations se sont engagées à une modification de leurs lampadaires via une charte pour qu’ils soient autant que possible orientés vers le sol afin de limiter les halos lumineux et retrouver les étoiles dans le ciel de nos villes.
Réconcilier l’ensemble
Chez Mieux Vivre A Nantes, nous notons que ce défi d’allier beauté, efficacité, sécurité et économies d’énergie peut être relevé toute l’année. Une approche résolument positive et optimiste de l’évolution de l’éclairage urbain est possible. Nous pouvons remplacer le moins par le mieux. L’idée est d’expérimenter, d’oser, de miser sur ce qui fonctionne.
Arrêtons d’opposer l’écologie aux autres préoccupations des Nantais. Mieux Vivre A Nantes sera résolument ambitieux et précurseur dans l'utilisation de la lumière publique.
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