La Mairie de Nantes a décidé de laisser 19 nouveaux parcs et jardins ouverts la nuit sans concertation, malgré l’absence d’éclairage public et les risques avérés d’insécurité. Cessons cette dangereuse expérimentation au détriment des Nantais.
A Nantes, les jardins sont notre fierté. Nous sommes riches de plus d’une centaine d’espaces verts, situés à moins de 500 mètres de chaque habitant de la Métropole. Ils sont notre héritage commun. Ce sont des lieux de rire et de repos, de partage et de sérénité. Les enfants, les étudiants, les parents, les personnes âgées, tous s’y croisent et y trouvent leur équilibre. Pour ce faire, la sécurité est indispensable. Jusqu’à l’été dernier, la quasi-totalité des parcs et jardins restait fermée la nuit, seuls 4 parcs sur 101 étaient ouverts 24 heures sur 24. Cette sécurité, si précieuse, nous la croyions acquise. Elle est pourtant remise en question par la Maire de Nantes.
Le côté obscur progresse
La détérioration du centre-ville de Nantes n’épargnera donc personne. La maire de Nantes a décrété que 19 parcs et jardins supplémentaires resteront ouverts la nuit du 15 mai au 3 septembre 2023. L’été dernier, seuls les parcs et jardins les moins exposés avaient été ouverts 24h/24. L’expérience avait été critiquée. Désormais, il n’y a plus de limite. Tout le monde y passe : le Jardin des Plantes, celui de l’île de Versailles, le parc floral de la Beaujoire, les parcs des Oblates, Procé et la Gaudinière jusqu’à 22h15 et surtout le jardin Say, le Cours Cambronne, le Jardin Extraordinaire, le belvédère Kawamata, le Grand-Blottereau, les parcs Capucins et Noé-Mitrie, ainsi que les squares Plessis-Tison, Faustin-Hélie, Gaston-Michel, Louis-Bureau, Amiral-Halgan et Maurice-Schwob jusqu’à minuit trente. Voir sur le site la Ville de Nantes : 19 nouveaux parcs et jardins ouverts jusqu'à minuit cet été. En été, tous fermaient entre 19h et 20h. Dorénavant, les grilles restent ouvertes.
Surtout, cette décision est en totale incohérence avec le rétropédalage réalisé l’été dernier par Cécile Bir, l’adjointe déléguée aux squares, parcs et jardins, qui avait alors reconnu « de gros problèmes de tranquillité publique » au jardin Say et au parc des Capucins. Les deux endroits sont pourtant concernés par cette nouvelle mesure. Elle remarquait pour Ouest France que, dans ces lieux, les balcons donnent directement sur le jardin d’enfants pour l’un, sur le parc pour l’autre et qu’il y avait eu « beaucoup de remontées d’habitants », que par conséquent « c’était compliqué ». Si le problème est connu, de qui se moque-t-on ? Cela revient à leur rendre délibérément la vie impossible.
De nouveau, ce basculement a donc été mené sans concertation avec les riverains. Johanna Rolland a ainsi fait annoncer la nouvelle à certains habitants par messages individuels téléphoniques. Les premiers concernés par cette mesure ont ainsi été discrètement mis devant le fait accompli, au mépris des engagements – pourtant écrits ! – pris auprès des Nantais qui s’inquiétaient des rumeurs existantes à ce sujet.
Détente périlleuse
Cynique, la Mairie a pris la mesure du danger. Elle a décidé de recourir à une société de sécurité privée pour fermer les grilles, mission jusqu’alors remplie par le personnel du service municipal Nature et Jardins. Ce changement n’est ni hasardeux ni naïf : la Mairie est consciente que sa décision est périlleuse et prend donc ses dispositions. Ni honte, ni remords.
La Mairie de Nantes a cependant tenu à justifier la mesure. Il s’agit d’offrir l’opportunité aux Nantais de se détendre dans les parcs et jardins tardivement en soirée, en estimant que la chaleur pouvait intensifier cette demande des habitants. Les bras nous en tombent... Dans de nombreux cas cités, les parcs et jardins ne sont pas éclairés ou ne le sont que partiellement. Qui va vouloir se détendre la nuit dans les jardins plongés dans l’obscurité ? Notre ville est-t-elle vraiment en position d’ouvrir de nouveaux lieux où la police devra redoubler d’efforts pour garantir la sécurité ? Personne n’organise de balade nocturne dans des allées plongées dans la pénombre.
Les résidents en première ligne
Et qui se soucie des résidents ? Aucun d’entre nous ne souhaiterait habiter à proximité de ces espaces verts. En effet, les Nantais en question supportent déjà quotidiennement le bruit et l’intense fréquentation de ces lieux, surtout de 16h30 à 19h après les sorties d’école. Le calme revenait jusqu’ici à partir de 17h30, 18h30 ou 19h, selon les parcs. Pour de nombreux Nantais, le calme fut l’un des éléments décisifs à l’achat ou la location de leur logement. Le prix à payer pour une sociabilisation de la nuit est le mépris du sommeil des riverains et la fin de leur intimité. Changer les règles du vivre ensemble sans se soucier des conséquences pour les habitants démontre une nouvelle fois le peu d’égard de la Mairie face à l’incompréhension et le désarroi des Nantais.
Chez Mieux Vivre A Nantes, nous n’acceptons pas qu’il soit demandé aux habitants de serrer les dents et de vivre avec l’appréhension de ce qui va se passer sous leurs fenêtres la nuit tombée. Nous demandons à Johanna Rolland de revoir sa copie et souhaitons un moratoire sur la liste des parcs concernés par cette extension horaire le temps de mener une vraie concertation avec les habitants des quartiers concernés.
Comments