Les places en crèches manquent et les familles s’inquiètent. Pourtant, des solutions existent. N’attendons plus pour agir en faveur de la petite enfance à Nantes.
Un enfant change tout. Les priorités, les inquiétudes et les joies sont rythmées par le nouvel arrivant dans la famille. Il faut désormais jongler avec les nouveaux engagements et responsabilités. Avant même la naissance, pour les parents, la question de la place en crèche occupe l’esprit. A Nantes, le problème est connu et pourtant les années passent, les promesses se brisent et le manque de places reste. Au grand dam des habitants.
Une politique petit bras pour la petite enfance
La politique de la petite enfance est l’une des premières missions d’une mairie. En 2020, l’enjeu des places en crèche était connu des Nantais et les engagements en la matière scrutés de près. Après des objectifs ridicules en 2014 – avec 400 maigres places ouvertes – le sursaut était attendu. Les parents de la Métropole ont pourtant été de nouveau déçus avec seulement 700 places supplémentaires, promises sur une période pourtant longue de 6 ans. A la lecture des chiffres de 2022, le manque d’ambition est honteux. Seul un tiers des demandes d’accueil des enfants sont acceptées à Nantes (1377 enfants admis sur 4579 demandes reçues). La réalité est impitoyable : 3000 places manquent à l’appel !
Il n’y a pourtant pas de mystère dans la politique de la petite enfance. Si les besoins grandissent, les solutions d’accueil doivent suivre. Entre 2008 et 2019, Nantes a connu une augmentation de 12% du nombre de couples avec enfants ou familles monoparentales. Parallèlement, de nombreuses assistantes maternelles arrivent en retraite. Par manque de moyen et d’infrastructure, trop de parents doivent décider d’arrêter de travailler, totalement ou partiellement, pour s’occuper de leurs enfants. En effet, la majorité des familles ne peut pas s’offrir les services d’une personne à domicile ou en garde partagée qui les oblige à devenir employeurs. Que chacun se rassure cependant, à l’image de ce qui est arrivé à un père nantais qui nous a partagé son expérience, vous pourrez – vous aussi – recevoir un appel de la mairie au bout de… deux ans d’attente.
L’état des lieux est alarmant mais la dynamique est pire. Loin de croître, une partie des places en crèches a été tout simplement gelée en septembre dernier. Comment la mairie explique cette faillite ? Par l’impossibilité de recruter. Bizarre… . D’autres villes parviennent pourtant à faire face et ne laissent pas pour compte leurs concitoyens. Johanna Rolland pourrait faire l’effort de diversifier ses excuses, elle avait déjà utilisé celle-ci pour expliquer la faillite de la police municipale.
Le privé, c’est tabou. On en viendra tous à bout !
Il n’y a pas de fatalité. Les récents exemples de développements réussis des structures privées de garde d’enfants le prouvent : quand on veut, on peut ! Le vrai enjeu se situe au niveau de l’attractivité des postes proposés, notamment des auxiliaires de puériculture.
Ne faisons pas de refus d’obstacle et sachons arbitrer entre le public et le privé dans l’offre proposée aux Nantais. L’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et l’Inspection des Finances le préconisaient déjà en 2020. Le coût moyen d’investissement par place de crèche supplémentaire était estimé à « 47 908 euros lorsque la commune prend en charge la création elle-même et (…) à 20 410 euros lorsque c’est le privé qui s’en occupe ». Entre 2020 et 2026, l’Institut Montaigne concluait ainsi que les 700 places supplémentaires promises par Johanna Rolland coûteraient « entre 14,3 millions d’euros et 33,5 millions d’euros » en fonction des choix privé/public réalisés. Dans certaines mairies du département, telles que Saint-Sébastien-sur-Loire et Vertou, une politique éclairée en la matière a pu voir le jour. Vous l’aurez deviné… . A Nantes, pas de place pour la recherche d’équilibre : on fait le choix le plus onéreux : le public !
Cette approche dogmatique est d’autant plus regrettable que la Mairie doit donner son accord pour l’installation de tout établissement d’accueil sur le territoire. Elle centralise. Mieux, elle dispose également de nombreux leviers pour aider l’implantation des crèches privées en leur mettant du foncier à disposition ou en leur attribuant des subventions. Ce n’est pas son choix. Elle a pourtant su le faire pour des associations qui enfreignent la loi comme la Maison du Peuple. Question de priorité.
Un véritable plan de rattrapage des capacités d’accueil n’empêcherait d’ailleurs en rien l’ambition de mixité sociologique des crèches que nous partageons. Aujourd’hui, il est impossible de piloter un système qui n’existe pas ou trop peu. Cette faillite de la politique alimente la frustration des familles face à des pouvoirs publics qui apparaissent de plus en plus incapables de faire face.
Inspirons-nous de ce qui fonctionne
Pour les politiques de la petite enfance, les bons élèves existent pourtant. Nantes aurait tout intérêt à s’inspirer des meilleurs et de ne pas hésiter à prendre des décisions fortes. En Vendée, La Roche-sur-Yon s’est notamment démarquée. Les demandes de places en crèche ont pourtant explosé (avec 70% d’augmentation ces cinq dernières années) mais l’agglomération a réussi à prévoir et développer une vision. La Cour des Comptes l’a d’ailleurs souligné. Elle a mis sur pied un plan d’actions avec un calendrier prévisionnel de réalisation et des coûts maîtrisés en activant le levier du privé. Il est évident que la majorité doit changer de logiciel.
Les parents nantais ne peuvent pas se permettre d’attendre. Des enfants en crèche, ce sont des parents apaisés dans leurs vies personnelles et disponibles dans leurs vies professionnelles. Il s’agit d’ailleurs d’un véritable combat féministe tant il est constaté que c’est majoritairement la mère qui aménage ses horaires de travail ou décide de mettre sa carrière entre parenthèses si aucune solution d’accueil adaptée n’est possible.
Enfin, le système doit être pensé avec une attention particulière aux situations d’urgences rencontrées par les parents. La communauté d’agglomération de La Roche-sur-Yon réserve notamment 8% des places agréées à l’accueil d’urgence. A Nantes, au-delà des crèches, c’est toute la politique de l’enfance qui fait face à la crise de la politique publique. En ce début d’année, beaucoup de Nantais ont été touchés par l’histoire de Sarah, habitante de la Bottière, maman et femme de ménage, qui fut contrainte et forcée d’aller travailler avec son fils de 4 ans avant que les réseaux sociaux ne réussissent à faire réagir l’ACCOORD. Son exemple est un symbole du désarroi palpable des parents. Mettons tout en œuvre pour éviter ces situations.
Chez Mieux Vivre A Nantes, nous souhaitons lancer un grand Plan Crèches. Si les Nantais nous élisent en 2026, nous activerons les 3 leviers : les crèches municipales, associatives et privées. Sans tabou. Pour les parents, une place est une place. Nous favoriserons l’implantation de chaque type de crèches et rendrons plus attractifs les postes des agents en crèche. Surtout, nous nous engagerons sur un objectif de places qui correspond à la réalité de la croissance de la population nantaise. Nous serons concrets et pragmatiques pour doter la Métropole des places de crèche qu’elle attend.
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